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Investir dans les obligations en période d’inflation : est-ce une bonne idée ?

Est-il avantageux d’investir dans les obligations en période de forte inflation ? Ce type de placement peut parfois présenter des atouts, même avec la hausse des prix. N’étant pas dénué de risques, il doit toutefois être abordé avec prudence.

Publié le 17 mars 2023

En 2022, le taux d’inflation moyen s’est élevé à 5,2 % en France, d’après les chiffres de l’Insee. Cela représente une nette accélération de la hausse des prix par rapport à 2021 (1,6 % d’inflation). C’est également le plus haut niveau d’inflation observé depuis presque quatre décennies. Cette situation s’explique par des facteurs comme la reprise de la consommation post-pandémie ou encore la flambée des prix de l’énergie. L’inflation a marqué une augmentation en janvier 2023 (6 % en glissement annuel).1 Selon les prévisions, elle devrait ralentir et se stabiliser aux environs de 5 % d’ici le mois de juin.1

Quel est l’effet de l’inflation sur le cours des obligations ?

Les produits de taux, comme les obligations par exemple, sont des actifs particulièrement impactés par l’inflation lorsque celle-ci augmente. Dans une telle situation, les banques centrales tentent généralement de contenir l’envolée des prix en relevant les taux d’intérêt. Les variations des taux d'intérêt influencent donc les taux sur les marchés obligataires. 

Quand les taux d’intérêt sont poussés à la hausse, les obligations sont émises avec des coupons (cf. ci-dessous)  supérieurs à ceux des obligations déjà en circulation. Les investisseurs ont alors tendance à vendre les obligations qu’ils détiennent pour les remplacer par de nouveaux titres plus rémunérateurs. Il en résulte une baisse de la valeur des obligations anciennes, d’autant plus prononcée que les investisseurs sont nombreux à vouloir céder leurs actifs.

Face à une forte inflation, la hausse des taux d’intérêt est souvent soudaine, ce qui ajoute de l’incertitude et de l’instabilité sur les marchés financiers. La chute de la valeur des obligations en circulation peut être importante et très rapide, au point de causer un krach dans le secteur obligataire.

Bon à savoir : le coupon correspond à la rémunération que perçoit le détenteur d’une obligation en l’échange du capital qu’il a prêté à l’émetteur du titre.

Est-il pertinent d’acheter des obligations en période d’inflation ?

Une forte hausse des prix à la consommation et un krach obligataire seront pénalisants pour les obligations que vous possédez déjà. Comme nous venons de le voir, celles-ci vont perdre de la valeur. Qu’en est-il de l’achat d’obligations dans un contexte d’inflation ? L’opération peut avoir du sens, et même être très favorable. Vous pourrez soit investir dans des obligations anciennes à prix « cassé », dont la valeur pourra être amené à remonter à plus ou moins long terme, soit acquérir de nouvelles obligations servant des rendements plus élevés.

La prudence reste néanmoins de mise, car ce type d’investissement n’est pas sans risque. Dans une conjoncture économiquement tendue, il n’est pas exclu que les entreprises émettrices d’obligations rencontrent des défaillances, voire fassent faillite. En tant qu’investisseur, vous pourrez alors perdre tout ou partie de votre placement. Par ailleurs, si l’inflation continue de progresser, une nouvelle hausse des taux peut se produire. Dans ce cas, le prix des obligations continuera à diminuer, ce qui affectera la valeur de vos titres à la revente.

Que penser des obligations indexées sur l’inflation ?

Autre conséquence de l’inflation sur les obligations en circulation, pour les obligations classiques à taux fixe : plus la hausse des prix accélère, moins les titres sont rémunérateurs. Si vous détenez des obligations dont le taux d’intérêt devient inférieur au taux d’inflation, le rendement réel de vos titres deviendra même négatif. En d’autres termes, en prenant en considération la hausse du coût de la vie, votre investissement vous fera perdre en pouvoir d’achat.

Vous trouverez une classe d’obligations particulière sur les marchés financiers, conçue pour aider les investisseurs à se prémunir contre ce phénomène. Il s’agit des obligations dites « indexées sur l’inflation » (OII). Comme le nom le suggère, pour ces titres, le taux des coupons suit celui de l’inflation. En cas de hausse des prix à la consommation, les rendements augmentent donc en conséquence.

Les obligations indexées sur l’inflation sont pour la plupart des titres souverains. Parmi les OII émises par l’État français, vous pourrez vous procurer des titres indexés sur l’indice des prix à la consommation en France (OATi) ou sur l’indice des prix de la zone euro (OAT€i).

Attention encore, malgré le rempart qu’elles offrent contre l’inflation, les obligations indexées ne sont pas sans défaut. Comme les obligations classiques, elles peuvent perdre de la valeur en cas d’accélération de l’inflation. 

Bon à savoir : Pour certaines OII, ce n’est pas le coupon qui est indexé sur l’inflation, mais le nominal (capital investi au départ, destiné à être restitué à l’échéance du titre). Il existe également des OII pour lesquelles à la fois le coupon et le nominal sont indexés.

Quels autres placements à privilégier face à l’inflation ?

L’investissement dans les obligations, s’il est réfléchi et abordé de manière prudente, peut présenter un intérêt dans un contexte de hausse des prix. D’autres placements peuvent s’avérer pertinents en période d’inflation.

  • Les livrets bancaires réglementés : leur taux d’intérêt a la particularité d’être réévalué en fonction de l’inflation. Même si sa rémunération ne compense pas totalement la hausse des prix, le livret A demeure un support incontournable pour vous composer une épargne de précaution.

  • Les actions : elles sont intéressantes pour dynamiser votre portefeuille à long terme. Les valeurs issues de secteurs d’activité peu impactés par la conjoncture économique, comme le luxe, la technologie ou les matières premières, sont parmi les supports à privilégier en période d’inflation.

  • L’immobilier locatif : vous pouvez miser sur l’achat d’un bien physique ou l’investissement via une société civile de placement immobilier (SCPI). En raison de son indexation sur l’indice de référence des loyers, le rendement locatif évolue avec l’inflation. Mais garder tout de même en tête que ce placement est non garanti et que la valeur des biens immobiliers peut avoir tendance à augmenter en même temps que la hausse des prix à la consommation.

  • Les placements alternatifs : ils peuvent être utilisés dans une optique de diversification de votre portefeuille. Les groupements forestiers, les vignobles ou les œuvres d’art sont des exemples d’actifs décorrélés du contexte économique immédiat. Ces placements comportent, en plus, une dimension plaisir.

L’investissement dans les actions, obligations et actifs alternatifs s’accompagne d’un risque de perte en capital. L’effet de l’inflation sur les marchés financiers dépend de facteurs multiples et n’est pas toujours prévisible. L’analyse présentée dans ce texte a été volontairement simplifiée pour une meilleure compréhension.

Cet article est à visée informative uniquement. Il ne constitue en aucune manière un conseil d’ordre financier, d’investissement, juridique, fiscal ou autre de la part de Fortuneo, et ne saurait engager la responsabilité de Fortuneo pour toute décision prise ou non sur cette base.

L'investissement en bourse comporte un risque de perte totale ou partielle du capital investi.

Source : Jellyfish 

Crédit visuel : Dorde, Adobe Stock 


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