La valeur de la livre turque a fondu cette année de plus de 40 % face au dollar et à l’euro1. Un coup dur pour la monnaie turque, qui plonge ses racines dans des facteurs conjoncturels mais aussi structurels.
Le procès du pasteur Andrew Brunson, un Américain accusé par les autorités turques d’activités « terroristes », a joué le rôle de facteur déclencheur de la crise de la livre turque. Washington a imposé des sanctions à Ankara et le président turc n’est pas parvenu à rassurer les marchés sur la capacité de l’économie de son pays à faire face. Les investisseurs étrangers voient aussi dans l’instrumentalisation de la crise à des fins nationalistes, un nouveau risque politique qui menace directement l’économie turque.
Mais derrière ces explications conjoncturelles se cachent aussi des difficultés bien plus profondes, comme la faiblesse chronique de l’économie turque (inflation importante, dévalorisation de sa monnaie) ou encore le caractère artificiel d’une croissance financée par des grands travaux sur fonds publics.
Plusieurs mesures ont été prises par la banque centrale turque pour enrayer la crise. Les taux de réserves obligatoires pour les banques ont d’abord été révisés. L’objectif ? Eviter que le système financier ne se trouve à court de liquidités. Le principal taux directeur a ensuite été relevé pour éviter l’effondrement de la monnaie turque.
Cependant, ces mesures se sont avérées insuffisantes et les fondamentaux de l’économie turque semblent durablement atteints. Le symptôme le plus flagrant est l’inflation qui ne cesse d’accélérer. Elle a atteint 18 % sur un an en août 20182.
La crise turque est en mesure d’affecter les autres économies européennes et notamment l’économie allemande. Les entreprises européennes qui ont l’habitude de commercer avec Ankara vont d’abord avoir, de plus en plus, des difficultés à exporter. Puis, les entreprises turques ayant contracté des prêts auprès des banques européennes peuvent faire défaut. Même risque de faillite pour les entreprises ayant reçu des investissements étrangers. Enfin, l’arrêt de certains projets stratégiques pour le commerce international, comme le futur chantier pharaonique du tunnel Eurasia, peut ralentir les échanges mondiaux.
Néanmoins, cette crise peut aussi être vue comme une opportunité. Le risque turc doit avant tout conduire à reconsidérer l’allocation de son portefeuille boursier ou de son contrat d’assurance-vie, si ce dernier est investi pour tout ou partie en unités de compte.
Ce qu'il faut retenir
Déclenchée par les tensions politiques avec les Etats-Unis, la crise turque trouve aussi ses origines dans des facteurs structurels.
Les entreprises européennes peuvent en subir les conséquences, ce qui doit inviter les investisseurs à la prudence par rapport aux valeurs de la zone euro.
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