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Dévaluation monétaire : principe et conséquences

La dévaluation monétaire, c’est un instrument de politique monétaire qui consiste à recourir à la réduction volontaire de la valeur d’une monnaie. Dans quels cas cet outil est-il mis en place et qu’est-ce que cela implique au juste ? Dévaluation et dépréciation monétaire, est-ce pareil ? Zoom sur tout ce qu’il faut savoir sur le sujet !

Mis à jour le 5 octobre 2023

La dévaluation monétaire consiste à abaisser le taux de change officiel d’une monnaie.

La dévaluation monétaire, qu’est-ce que c’est ?

En quelques mots, la dévaluation monétaire est un instrument de politique monétaire qui consiste à changer la parité entre deux monnaies. Plus précisément, cela revient à modifier le taux de change officiel d’une monnaie, c'est-à-dire sa valeur exprimée en or ou dans une autre monnaie internationale de référence, en l’abaissant. En d’autres termes, il s’agit d’une baisse délibérée de la valeur d’une monnaie par rapport aux autres.

Cette réduction volontaire de la valeur de la monnaie s’inscrit dans le cadre d’une politique monétaire globale qui est décidée par les autorités monétaires du pays concerné ou par la banque centrale d’une zone monétaire donnée. Dans la zone euro, c’est l’eurosystème composé des banques centrales des pays ayant adopté l’euro et de la BCE (banque centrale européenne) qui a la responsabilité de la politique monétaire. La BCE est une institution indépendante qui, en plus d’émettre la monnaie « euro », a pour rôle de définir les grandes orientations de la politique monétaire et de change de la zone euro et d’assurer la stabilité du système financier comme lors de la crise des dettes publiques en 2012. En d’autres termes, ce sont ces banques centrales et la BCE qui peuvent seules décider d’une dévaluation de la monnaie dans la zone euro.

Les raisons qui peuvent inciter les autorités monétaires d’un pays ou d’une zone à dévaluer une monnaie sont multiples et diverses. Mais, de manière générale, l’objectif principal d’une telle mesure est d’augmenter la compétitivité et de réduire le déficit commercial, en cherchant à favoriser autant que possible les exportations.

Des dévaluations historiques en France

En France, avant l’apparition de l’euro, pas moins de 17 dévaluations du franc ont eu lieu entre 1928 et 1983. Elles ont toutes été mises en place par l’Etat en ayant pour objectif de relancer la compétitivité économique du pays et d’améliorer la balance commerciale, c'est-à-dire le compte qui retrace la valeur des biens exportés et la valeur des biens importés.

Depuis 1983, aucune dévaluation de la monnaie n’a eu lieu dans l’Hexagone. Et une dévaluation de l’euro au cours des prochains mois et des prochaines années paraît peu probable, même si la détérioration actuelle des perspectives de croissance dans la zone euro suite à la crise sanitaire de 2020 et dans le contexte inflationniste de ces derniers mois risque de peser sur la devise européenne à moyen terme.

À noter : La dévaluation monétaire n’est possible que dans un système de changes fixes. Dans un tel système, la valeur des monnaies est fixée par rapport à un « étalon » de référence, à savoir un métal, une monnaie ou un panier de monnaies, par la banque centrale qui émet cette devise. L’étalon sert alors d’unité de mesure commune à toutes les monnaies. Dans un régime de taux de change flexibles ou flottants, aucun engagement n’est pris au sujet du taux de change, qui évolue librement en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes, ce qui complique toute dévaluation.

Quelles conséquences ?

On l’a dit, la dévaluation monétaire a pour objectif d’aider un Etat à améliorer sa compétitivité. Cela est possible dans la mesure où, grâce à la baisse de la valeur de la monnaie, le prix des biens exportés et importés est directement impacté. Dans ce contexte, la dévaluation a plusieurs conséquences qui peuvent s’avérer très positives :

  • La baisse des prix des produits exportés par rapport au prix de la production nationale des pays importateurs. Cela permet alors de favoriser les exportations et d’augmenter les quantités vendues à l’étranger puisque le coût de ces produits baisse en même temps que la valeur de la monnaie du pays. . Autrement dit, les exportations deviennent plus compétitives.

  • La hausse du prix et de la valeur des importations effectuées dans d’autres monnaies. Cela incite à importer moins de produits de l’étranger, en dehors des matières premières stratégiques rares et donc indispensables (comme par exemple le pétrole), qui pèse alors plus lourd dans le compte des dépenses. Avec un volume de produits importés en baisse, le déficit commercial suit alors la même trajectoire.

  • Une hausse des salaires. Celle-ci n’est pas systématique mais elle est très fréquente et elle s’explique par le fait que les prix intérieurs sont revus à la hausse du fait de l’augmentation du prix des exportations. La révision des salaires entend limiter les effets de l’inflation liée à la dévaluation et améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs.

Au travers de ces différents éléments, on voit bien que la dévaluation monétaire a un double impact sur la balance commerciale d’un pays, en affectant à la fois les importations et les exportations et donc, par la même occasion, l’ensemble des prix des produits distribués dans le pays. En somme, vous l’aurez compris, la dévaluation monétaire a également un impact sur notre pouvoir d’achat.Mais si la dévaluation monétaire comporte théoriquement bien des avantages, elle présente aussi quelques inconvénients à connaître.

Les conséquences négatives de la dévaluation

À court et moyen terme, la dévaluation d’une monnaie impacte négativement le pouvoir d’achat des consommateurs car le prix des produits importés augmente. Et on sait que, à l’heure actuelle, les importations sont très nombreuses, quel que soit le pays concerné. Dans ce contexte, et ce même si la consommation de produits locaux augmente progressivement, la dévaluation peut stimuler l’inflation tandis que la consommation intérieure peut baisser dans son ensemble. Dès lors, cela peut aussi ralentir la croissance du pays ou de la zone en question.

Par ailleurs, la dévaluation d’une monnaie peut avoir pour conséquence de rendre les industries locales moins compétitives, contrairement à l’effet recherché. Une concurrence extérieure moins forte peut en effet inciter les entreprises locales à se montrer moins productives et moins efficaces à moyen terme.

La dévaluation monétaire, à distinguer de la dépréciation

Certains confondent parfois dévaluation monétaire et dépréciation. C’est une erreur. Les deux concepts sont à bien distinguer l’un de l’autre. Mais qu’est-ce qui les différencie alors ? Dans un cas, l’abaissement de la valeur de la monnaie est intentionnel, pas dans l’autre.

La dévaluation monétaire, comme on l’a vu, est une baisse de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux autres monnaies, décidée par une autorité monétaire ou une banque centrale. De son côté, la dépréciation est la constatation de la baisse de la valeur d’une monnaie sur le marché des changes, sans qu’elle soit le résultat d’une décision officielle des autorités monétaires du pays. Alors, certes, dans les deux cas, on parle d’une perte de la valeur de la monnaie, mais cette baisse a deux origines différentes. En cas de dévaluation, c’est une décision politique qui fait chuter la valeur d’une monnaie tandis que, pour la dépréciation, c’est simplement la loi de l’offre et de la demande qui influence négativement la valeur de la monnaie, sans que l’autorité monétaire ne puisse exercer aucun contrôle sur le sujet.

Plusieurs causes peuvent être à l'origine d’une dépréciation. Une récession, un déficit commercial ou encore une émission de monnaie par la Banque centrale sont autant d’éléments différents qui peuvent ainsi directement impacter la valeur d’une devise sur le marché des changes.

Et si vous demandez quel est le terme approprié lorsqu’un Etat décide de revoir à la hausse le cours d’une monnaie par rapport à une monnaie de référence, sachez que l’on parle alors non pas d’une dévaluation monétaire mais d’une réévaluation.

Source : Webedia, Mai 2020

Crédit visuel : Travel_Motion


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