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Les gros mots du système financier (vol.1) : Titrisation, CDO et CDS

Bien qu’extrêmement présent dans les médias et la presse économique en période de crise, le jargon propre à la finance n’est pas toujours à la portée de tous. Aujourd’hui, penchons-nous sur la titrisation, les CDO et les CDS, trois mécanismes qui ont considérablement bouleversé le paysage financier mondial.

Mis à jour le 27 septembre 2023

Dictionnaire financier sur la titrisation, les CDO et les CDS

Ce qu’il faut savoir sur la titrisation et les CDO

Né aux Etats-Unis dans les années 70, c’est au milieu des années 2000 que le terme de titrisation a principalement occupé le devant de la scène et pour cause : on estime que cet outil de financement alternatif est le principal détonateur de la crise des subprimes de 2007/2008.1 En quelques mots, la titrisation est la transformation de certaines créances en titres financiers échangés sur les marchés : créances hypothécaires des particuliers ou des entreprises, crédits bancaires aux entreprises, prêts étudiants, prêts automobiles, encours de cartes de crédit, etc. En d’autres termes, il s’agit de transformer des actifs peu liquides en valeurs mobilières facilement négociables, à la vente comme à l’achat. 

En pratique, afin de « titriser », et d’échanger sur les marchés, une banque crée une société spécialement dédiée à l’achat de ces créances, appelée SPV (Special Purpose Vehicule) ou SPC (Special Purpose Company). Cette SPV ou SPC va ensuite se charger d’émettre ces créances sur les marchés, après les avoir préalablement agglutinées en portefeuilles, également appelés CDO (Collateralized Debt Obligations). Ces CDO sont donc un ensemble de titres garantis par des créances bancaires (ou d’instruments financiers de nature variée) et sont généralement constitués de créances d’une même famille. Autrement dit, un CDO est un produit dérivé de crédit dont le sous-jacent est une obligation ou une créance. À noter qu’il existe également d’autres types de titres : CBO (Collateralised Bond Obligation), quand ils sont adossés à des obligations ; CLO (Collateralised Loan Obligation) pour les prêts commerciaux ; MBS (Mortgage Backed Securities) pour les crédits hypothécaires et bien plus encore.

Afin d’être équilibré, dans le cas des CDO, chaque portefeuille est constitué de plusieurs catégories d’obligations, appelées « tranches »1

  • La tranche equity, associée à un rendement élevé mais aussi à un niveau de risque qui l’est tout autant ;

  • Une tranche senior, qui regroupe les actifs les moins risqués, avec un rendement plus faible proportionnel à la sûreté dont les investisseurs disposent.

Enfin, la tranche dite mezzanine désigne tous les actifs qui se trouvent entre les deux tranches. Vous l’aurez compris, un investisseur qui veut prendre un minimum de risque optera pour les rendements de la tranche senior d’un CDO. À l’inverse, un investisseur prêt à prendre plus de risques  sera tenté d’opter pour la tranche equity.

Le principal avantage de la titrisation est qu’elle répartit le risque de défaut de remboursement sur un large ensemble d’acteurs. Le risque devient ainsi « collatéral » : en mettant les CDO sur le marché, une banque se protège tout d’abord d’un risque de crédit excessif. De plus, en agglomérant les titres de créances au sein d’un CDO, une institution financière cherche à limiter les risques et stabiliser les produits financiers. Cela lui permet également de faire sortir l’ensemble des crédits des portefeuilles titrisés de ses résultats, et donc d’améliorer ses résultats. Le revers de la médaille est quasi mécanique : en diffusant le risque à une multitude d’acteurs internationaux, un défaut de crédit à grande échelle est susceptible de déstabiliser un grand nombre d’institutions financières (banques, fonds de pension, compagnies d’assurances) dans de nombreux pays du globe.

Toujours plus sur les CDO

On l’a vu plus haut, les CDO sont des produits de finance structurés issus de montages complexes. En cela, ce sont des produits complexes qui empêchent parfois les investisseurs d’avoir une bonne évaluation des risques.

Leur avantage principal est qu’ils permettent de libérer des ressources pour accorder de nouveaux crédits et qu’ils transfèrent le risque de crédit à de nouveaux investisseurs. Dans le même temps, pour les investisseurs, ils permettent, en cas de succès, un gain immédiat. Cependant, gardez bien en tête que le risque de perdre la totalité ou une partie du capital est bien réel.

Le plein d’infos sur le CDS ou « Credit Default Swap ».

Le CDS (Credit Default Swap) est une assurance contre le non-remboursement d’une créance pour cause de défaillance. Par exemple, un créancier peut considérer que certains produits financiers sont suffisamment risqués pour préférer s’assurer contre un éventuel défaut de paiement du débiteur.

Pour le créancier, le CDS représente avant tout l’assurance de ne pas perdre d’argent. Toutefois, il a sa contrepartie logique : le coût de cette assurance (appelé « prime ») grève une partie de sa plus-value éventuelle. Pour l’organisme émetteur des CDS, ces produits constituent une rente quasi assurée en cas d’absence d’événement de crédit. En revanche, en cas de crise financière majeure, ces produits engagent l’organisme assureur à compenser les pertes des détenteurs des produits financiers. Ce qui peut se révéler extrêmement coûteux si de nombreux CDO sont concernés.

On l’a dit, ce type de produits dérivés a été particulièrement mis en cause lors de la crise bancaire dite des subprimes en 2007 et 2008. L’assureur AIG, qui a dû être renfloué à plusieurs reprises par la Réserve Fédérale, a ainsi payé au prix fort le trop grand nombre de CDS qui ont été émis par une de ses filiales britanniques. AIG s’est donc retrouvé à cette époque dans l’obligation d’assurer la valeur de produits financiers toxiques contre lesquels d’autres créanciers s’étaient protégés. Ce qui a ni plus ni moins failli conduire le groupe à la faillite.

Dans ce contexte, depuis 2019, pour chercher à sécuriser les opérations de titrisation en Europe, la régulation encourage désormais les banques à émettre des titrisations dites « simples, transparentes et standardisées » (STS).1 Ce nouveau label, qui s’obtient par auto-déclaration auprès de l’ESMA (Autorité européenne des marchés financiers), permet ainsi aux investisseurs de mieux évaluer les risques de l’opération en cours grâce au fait que les banques doivent garantir à la fois des titres de bonne qualité et une grande transparence sur le sujet. 

Les informations transmises dans cet article ont un caractère purement informatif et ne sauraient être considérées comme un conseil délivré par Fortuneo (juridique, fiscal, investissement ou autre).

Source : YouLoveWords.com


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